Le Trésor de la Casbah d’Alger
Epilogue étrange.
- Une enquête est ouverte.
« Louis-Philippe en montant sur le trône, choisissait dans l'opposition de la veille son Gouvernement.
L'ancien Ministère fut mis en accusation, des ennemis, jusque- là cachés, se dressèrent alors ouvertement contre lui.
On désigna pour succéder au Maréchal, un membre éminent du parti libéral, le général Clauzel, député de l'Ariège.
Tandis qu'on prescrivait au général Clauzel de préparer une enquête sur les faits dénoncés par la rumeur publique,
des ordres rigoureux étaient transmis à tous les ports français en communication avec Alger.
Une surveillance sévère,
impitoyable devait être exercée sur tous les arrivages et notamment sur les envois des officiers de l'armée d'expédition.
Ces ordres furent exécutés à la lettre,
à tel point, que le cercueil d'Amédée de Bourmont, mort à Alger, fut ouvert et inspecté par les douaniers de Toulon. .... »
Puis, M. Rus cite « l'entrevue » du général Clauzel avec M. Flandin :
« Le général apporta lui-même au sous-intendant Flandin, l'ordre qui le mettait à sa disposition et lui dit :
« Flandin, il faudra être très rigoureux, il nous faut trouver les millions volés et ceux qui les ont volés. »
Il termine cet article, par l'ordre du jour du Général Clauzel, en date du 4 septembre 1830.
Note :
Le général Clauzel n'a jamais prononcé ces paroles, elles sortent directement des écrits de M. Flandin.
- Dans son livre, Explications du Maréchal Clauzel, parut en 1837, il écrivait :
« Je me suis vu poursuivi par les accusations les plus véhémentes, par les calomnies les plus odieuses :
- Incapacité comme général et comme gouverneur, légèreté, spoliation arbitraires, marchés scandaleux, etc. »
- Les seules phases que le Maréchal écrivit sur la prise d'Alger sont les suivantes :
« Quand nous nous emparâmes d'Alger,
les Arabes nous virent avec déplaisir, parce que nous étions chrétiens, mais habitués à une obéissance absolue aux hommes
et aux événements, ils répétèrent ces mots qui pour eux est la raison de tout ce qui arrive : Dieu le veut !
Notre victoire si rapide, avait frappé les imaginations.
Ce n'était point Alger qu'il fallait conquérir, mais la puissance des Turcs qu'il fallait remplacer par la nôtre.
Le système d'occupation, tel qu'il a toujours été entendu par le gouvernement, consistait à rester sur le littoral de la Régence,
un pied sur la terre, un pied sur la mer.
A peine osait-on jeter quelques postes en avant.
Si un Général tentait plus, c'était un ambitieux ou un imprudent,
si quelques hommes étaient tués dans des reconnaissances, il prodiguait inutilement le sang de nos soldats. »
- Dans ses pièces justificatives, la pièce L concerne la prise d'Alger :
« Lorsque nous fîmes la conquête d'Alger, les Arabes furent satisfaits en voyant la destruction et l'humiliation des Turcs,
la supériorité militaire dont nous avions fait preuve, leur en avait imposé.
Une volonté ferme de la part du gouvernement, nous aurait permis de conserver la grande réputation que l'on avait dans ce pays.
Mais les circonstances ne le permirent pas. »
- Pas un mot sur la spoliation du trésor de la casbah, le nom de M. Flandin n'est pas nommé dans l'ensemble de l'ouvrage.
Attaque d'Alger par la mer par Théodore Gudin.

- Quelle était l'importance du Trésor.
- Dans cet article, M. Rus reprend successivement :
- Le cubage et l'estimation de M. Flandin, 150 millions.
- Le chiffre donné par le Consul Anglais pour un montant de 150 millions.
- L'ouvrage de M. Shaler, pour un montant de 30 millions de piastres forte.
- Le mémoire du Consul Deval, avec ses 160 millions en monnaies et 107 millions en diamants.
- Toutes ses informations sont extraites des écrits de M. Flandin, nous les avons déjà traitées dans l'étude de M. Emerit.
- Conclusions officielles, mais non pas définitives.
- Dans ce paragraphe, M. Rus, nous narre une des preuves de M. Flandin.
« Le hasard devait deux ou trois jours, après l'incident du rapport Juchereau, livrer à M. Flandin,
le secret de l'origine de ce travail fort vraiment sur commande, comme on va le voir.
A la requête du rapporteur de la commission, M. Flandin,
le trésorier payeur général, M. Firino déposa la collection des procès-verbaux de réception du trésor, au nombre de 34.
Ils furent confiés pour étude, à M. Pillaut de Bit, l'un des membres de la commission d'enquête.
Celui-ci en ouvrant le dossier trouva, entre deux pages une feuille de papier à lettre bleuâtre, pliée en quatre,
suturée sur tous les bords de ses plis, d'une teinte noire, qui révélait qu'elle avait été , longtemps ailleurs que dans cette collection,
c'est à-dire portée dans la poche d'un vêtement.
Cette feuille fut lue, et M. Flandin reconnut, qu'elle était littéralement identique au rapport présenté au général Delort,
par le colonel Juchereau de Saint-Denis.
La collusion apparaissait, ici évidente.
Aussi la preuve ne tarda-t-elle pas à être subtilisée,
la lettre révélatrice, laissée dans ce dossier disparut, un beau jour, sans laisser de trace. »
Note :
Je me dois de reconnaitre, que je n'ai rien compris à ce paragraphe, recopié à partir des notes de M. Flandin.
Qui est le coupable :
Le général Clauzel, un ou des membres de la commission, le colonel Juchereau de Saint-Denis, M. Firino ?
- Dans son livre, Considérations statistiques, Historiques, Militaires et Politiques, sur la Régence d’Alger, parut en 1831,
le Baron Juchereau de Saint-Denis, ne parle pas de rapport, ni même de M. Flandin.
Le livre du Baron Juchereau de Saint-Denis.

- Quelques extraits de ce livre :
- L'auteur de ces considérations a participé à toutes les opérations de l'armée d'Afrique, il a rempli les fonctions importantes
de Sous-chef d'état-major général depuis le débarquement d’Alger jusqu'au milieu d'octobre 1830.
Il avait sous ses ordres tous les interprètes de l'armée.
Son livre est basé sur les documents qu'il a obtenus à Alger,
et sur les recherches effectuées dans un grand nombre d'ouvrages arabes, français, anglais et espagnols.
« M. Braschewitz, premier interprète de l'armée, fut envoyé à Alger auprès de Hussein-Pacha, et de ses ministres,
sur les dispositions relatives à la remise de la Cassaubah et de la ville, le lendemain, 5 Juillet 1830, à dix heures.
Des hommes mal intentionnés ont osé accuser l'armée Française de vol et de brigandage, mais les rapports officiels
des commissions d'enquête ont fait tomber sur ces vils calomniateurs, la honte dont ils voulaient couvrir le nom du militaire français.
La conduite des français dans cette occasion méritait les plus grands éloges, elle prouvait qu'à leur valeur, ils savaient joindre
une parfaite discipline.
La commission des finances, composée du Baron Denniée, du général Tholosé et du payeur-général de l'armée, M. Firino,
eut un travail difficile à remplir, l'objet le plus important de son travail a été la prise de possession du trésor de la régence.
Quelques écrivains prétendaient que sa valeur en espèces métalliques et en bijoux, s’élevait à plus de deux cent millions de francs.
On n'avait eu qu'une seule occasion de déterminer approximativement la valeur de ce trésor, ce fut à l'époque de Ali-Khodgea,
lors du transport dans les caveaux de la cassaubah, on avait effectué 1.116 voyages de mulets. »
- Note :
Caractéristiques militaires du mulet de bât :
- Charge utile d'un mulet moyen: 80 kg
- Charge maximale d'un mulet très robuste et très entrainé bât compris: 180 kg
« Charles X et ses ministres avaient conçu, dit-on, le fol espoir
que les succès de l'armée d'Afrique serviraient à faciliter leurs projets d'attaque contre les institutions fondées de la charte.
Cette opinion, que les courtisans s'étaient plus à répandre dans le public, avait fait déverser sur l'armée d'Afrique une partie
de la haine que le peuple ressentait pour les conseillers du roi, de là provenaient ces critiques amère qu'on vit dans les journaux.
On ne se contenta pas de ces critiques virulentes, démenties par les événements, mais on osa même attaquer l'honneur de l'armée,
en accusant les chefs d'avoir détourné à leur profit une partie des trésors de la Cassaubah.
La commission d'enquête, désignée par le Comte Clauzel le lendemain de son arrivée à Alger, est toute composée de personnes
qui n'avaient pas fait partie de l'expédition, fut chargée, sous la présidence du Général Delort, nouveau chef d'état-major général,
de constater « si une partie du trésor en avait été détournée par des soustractions criminelles, et si, les vols avaient été commis tant
dans le palais du Dey que dans les maisons particulières. »
Des témoins de toute classe et de toute nation furent appelés et entendus devant cette commission.
Tous les moyens furent employés pour parvenir à la connaissance de la vérité.
Après un mois de travail fait avec une sévère et impartiale exactitude, la commission d'enquête déclara,
dans son rapport officiel, que rien n'avait été soustrait du trésor de la cassaubah, que ce trésor avait tourné tout entier
au profit du trésor de France, et qu'aucun acte de vol et de pillage ne leur avait été démontré. »
Débarquement de l'armée française à Sidi-Ferruch le 14 Juin 1830.
- Où apparaît l'ombre de la vérité.
- Dans Le Mutilé de l'Algérie, du 17 Août 1930,
M. Rus publiait, le texte de la déposition de M. Caze, devant le juge d'instruction, le 28 septembre 1833.
- Questions :
Avez-vous dit au sieur Flandin que des exportations considérables d'espèces provenant des trésors de la régence d'Alger,
avaient été faites en Angleterre et en France, pour le compte de MM. Denniée et Firino ?
Est-il vrai que vous ayez dit tenir ces détails de M. le Maréchal Clauzel ?
- Réponses :
J'ai dit à M. Flandin, que je croyais, qu'il avait été fait des expéditions de fonds par l'entremise du sieur Schneider et autres,
j'ai dit que ces expéditions étaient faites sur la France et par Marseille, mais je n'ai pas dit que ce fut pour
le compte de MM. Denniée et Firino.
J'ai pu en avoir parlé avec M. le général Clauzel.
- Question :
Pouvez-vous rappeler précisément ce que vous avait appris sur ce fait dans vos conversations avec le général Clauzel.
- Réponse :
M. Le Maréchal m'a dit qu'il était positif, que des envois de fonds avaient été faits en France, provenant des soustractions
commises dans le trésor d'Alger, et qu'il pouvait être heureux pour certaines personnes, que l'enquête fut terminée.
- Question :
Quel sens le général Clauzel attribuait-il à ces dernières paroles ?
Quelles personnes pensez-vous qu'elles concernassent ?
- Réponse :
Mon opinion personnelle sur la désignation de ces personnes, est que le général de Bourmont aurait eu mission
du Gouvernement d'alors, de mettre de côté des fonds pour la casettes de Charles X.
- Question :
Sur quoi se fonde votre opinion sur ce dernier fait ?
- Réponse :
Sur des demi-confidences que m'a faites le sieur Fourmont, ancien secrétaire de M. Bourmont, en février 1832.
-
Question :
Que vous a dit M. Fourmont ?
- Réponse :
Je dois dire, que le sieur Fourmont, ne m'a jamais positivement déclaré, qu'il eut été mis de côté des sommes importantes
pour le compte de Charles X.
Mais, il m'a fait cette confidence, que M. de Bourmont avait promis à une personne, une somme très considérable
pour dissuader cette personne de solliciter le garde des Sceaux.
-
Question :
Je vous invite à nommer cette personne.
- Réponse :
Je dois dire que M. Fourmont m'a nommé M. Flandin.
Ordonnance de Charles X .
- La fin d'une déposition.
- Le 24 Août 1930, M. Rus présentait la fin de l'interrogatoire de M. Gaze,
mais, avant de poursuive les questions/réponses, il établissait ses premières conclusions sur cet interrogatoire.
« Le témoignage de M. Caze venait confirmer celui de M. Flandin, à savoir que celui-ci avait été
l'objet d'une tentative de corruption.
Il fallait donc que le crime existât pour qu'on s'employât de telle maniére à en n’empêcher la révélation.
Mais poursuivons, sans autre commentaire, la lecture de l'interrogatoire de M. Caze. »
- Les questions suivantes concernent la Maison Seillière,
pour le transport de ces millions volés vers l'Angleterre, avec les même réponses, de M. Caze :
je crois, je n'en sais rien, ma conviction intuitive, Il me semble...
- Puis arrive la dernière question :
- Questions :
Que croyez-vous que sont devenus les sept à huit millions que
vous supposez avoir été soustrais ?
- Réponse :
Je rappellerai mes souvenirs à cet égard.. ou plutôt, je déclare que je n'en sais rien ?
- Ici s'arrête l'interrogatoire de M. Caze.
Le comte de Bourmont Louis-Auguste-Victor de Ghaisne en 1830.
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