Le Trésor de la Casbah d’Alger
Epilogue étrange.
- Avant de donner une réponse à cet interrogatoire, voici quelques extraits de journaux du mois de Septembre 1830 :
- Le 5 Septembre 1830, le Journal l'Indépendant ci-devant La Semaine, publiait cet article :
« Une lettre datée d'Alger, 17 Août 1830, annonce que le Maréchal de Bourmont aurait été arrêté sur un bâtiment étranger,
prêt à mettre à la voile, il avait avec lui deux de ses fils et emportait une somme de 11 millions.»
- Le 28 Septembre 1830, le Journal Le National, publiait cet article :
« Depuis plusieurs jours, il arrive à Calais, venant de Londres,
une grandes quantité de caisses renfermant des lingots d'or et d'argent que l'on dirige sur Paris par les diligences et même par
des voitures de mareyeurs.
Cet argent est, dit-on destinée aux maisons Rothschild et Laffitte. »
- Mais, reprenons chaque point de cet interrogatoire.
- Le général Clauzel.
- Dans son livre, il ne parle pas de ces conversations avec M. Caze, mais, il est possible, que le général est tenu ce discours,
car il était, comme le disait plus haut M. Rus, « un membre éminent du parti libéral. »
- Les demi-confidences du sieur Fourmond.
- L'état nominatif de la Garde Royale, nous précise que M. de Fourmond était officier d'habillement,
il figurait dans la liste des Capitaine comptables, pour l'année 1830, Il n'a pas participé à l'expédition d'Alger.
- Le 4 Septembre 1830, le Maréchal de Bourmont, quitta Alger pour l'Angleterre, après avoir effectué sa quarantaine
à l'ile de Majorque, à Palma, il vivra en exil pendant 10 ans.
- La question qui se pose est :
Où, quand, et comment, M. Fourmond, qui était en poste à Paris, a-t-il rencontré le maréchal de Bourmont ?
- Le journal Le National publiait en Octobre 1830, cet article :
« Un M. Fourmond, capitaine d'habillement, et ancien secrétaire particulier de M. de Bourmont, a été arrêté,
il y a peu de jours, pour avoir expédié sur Angers, deux voitures chargés d'objets d'habillement et d'équipement. »
- Un autre journal parlant de cette arrestation ajoutait :
« On a trouvé au fond du puits de M. Fourmond, plusieurs milliers de cartouches .... »
Etat nominatif de la Garde Royale en 1830..

- Le mercredi 20 Avril 1831, Le journal politique et littéraire de Toulouse et de la Haute-Garonne, publiait cet article :
« M. Fourmond,
ancien secrétaire de M. de Bourmont, et capitaine d'habillement du régiment d'infanterie de l'ex-garde royale,
est renvoyé devant le 2° conseil de guerre pour y être jugé sur le délit de complot et de détournement d'effets,
dont il est comptable, il vient d'être transféré de la Conciergerie à la prison militaire de l'Abbaye.
M. Michel, chef de bataillon, attaché à l'état-major général, rapporteur prés du 2° conseil de guerre,
est chargé de l'instruction de cette procédure.
M. Fourmond a confié le soin de sa défense à Maître Janvier (d'Angers), et Maître Henrion. »
- Le 25 Avril 1831, ce même journal, nous donnait un résumé du Conseil de guerre.
« Aujourd'hui, le 2° conseil de guerre s'est réuni sous la présidence de M. Boileau,
colonel, directeur du dépôt d'artillerie à Paris, pour juger M. Fourmond, ancien secrétaire particulier de M. de Bourmont,
et ex capitaine de l'habillement du 3° régiment d'infanterie de l'ex-garde royale.
M. le chef de bataillon d'état-major Michel, sera le rapporteur de ce conseil.
L'accusation portée contre M. Fourmond est très grave.
Au mois Octobre 1830,
deux voitures furent dénoncées à l'autorité, comme emportant des armes et des effets militaires à destination d'Angers.
Les voitures furent arrêtées et visitées, on y trouva, un fusil, trois pistolets, quelques munitions, et divers effets militaires,
le propriétaire avoué des voitures, M. Fourmond fut arrêté.
Une longue instruction eut lieu en première instance,
on soupçonnait un complot dans la Vendée, et l'envoi fait par M. Fourmond en paraissait
un indice.
Lorsqu'éclata le mouvement de la fin décembre 1830, on crut que l'affaire de M. Fourmond se rattachait à ce mouvement,
et son dossier fut renvoyé à la cour royale, où une nouvelle instruction eut lieu.
Cette nouvelle instruction, fit ressortir un second fait à côté du fait principal, celui de détournement d'effets militaires.
La cour royale, la chambre d'accusation, la chambre des appels, réunies,
renvoya M. Fourmond devant le conseil de guerre pour chef de complot et de détournement d'effets militaires.
M. Fourmond expliqua le fait du déficit dans les comptes du service d'habillement, par la nécessité,
où il a été d'habiller avec une grande précipitation les militaires de la Garde royale qui venaient accompagner Charles X,
et sur les pillages des magasins au mois de Juillet, lors des trois glorieuses.
Il justifia l'achat des effets saisis dans ces deux voitures, en indiquant les personnes à qui il les a acheté.
Ainsi réduite, l'accusation, ne portait plus que sur une difficulté de comptabilité militaire.
Le président M. Boileau ne retiendra contre M. Fourmond que l'accusation de déficit d'effets militaires, qu'il devra justifier.
Après dix minutes de délibération, M. le président a prononcé le jugement,
qui à la majorité de cinq voix contre deux, déclare M. Fourmond, non coupable, et ordonne sa mise en liberté. »
- il fut libéré, le 26 Avril 1831, mais il devra répondre de l'accusation de déficit d'effets militaires dans sa comptabilité.
- Après plus de 6 mois de détention, accusé de complot contre Louis-Philippe, et encore sous le coup d'une surveillance policière,
M. Fourmond,
aurait-il pris le risque d'effectuer un voyage en Angleterre pour rencontrer le Maréchal de Bourmont ?
Ordonnance de Louis-Philippe.
- La tentative de corruption du Maréchal de Bourmont.
- Lors des audiences du 1 et 2 décembre 1834, présidées par M. Roussigné, on trouve cette déclaration de Maitre Delangle,
défenseur de MM. Firino et Denniée, qui concerne le soit disant versement de M. de Bourmont.
« Enfin, pour donner du corps aux crimes qu'il a rêvé, M. Flandin s'accuse de concussion, il déclare qu'il a vendu sa conscience
pour 300.000 francs, que sur le marché, 40.000 francs seulement ont été remis entre ses mains.
Mais, quand, il faut préciser le lieu, l'époque, la nature du paiement, il est convaincu de mensonge sur tous les détails.
Il résulte de l'instruction, que jamais, il n'a rien touché de la banque de M. de Bourmont,
que les paiements opérés par l'homme, qu'il signale comme l'agent de la corruption, au-devant de laquelle il se précipitait,
n'ont pas eu pour objet de payer son infamie. »
- Note :
- Il s’agit de M. Fourmond.
- M. Flandin sera condamné à un an de prison,
3.000 francs d'amendes, et 6.000 francs. de dommages et intérêts envers les parties civiles.
- Palinodie.
- Dans ce dernier article, M. Rus conclut qu'après une telle déposition,
il ne restait plus à la justice que de faire mander à la barre le général Clauzel, il termine par cette conclusion :
« En ce qui concerne l'importance de la somme dérobée,
M. Caze, ne parle que de sa « conviction intuitive » qui la fait évaluer à sept ou huit millions, dix millions dit le Général Clauzel,
cent cinquante millions, affirme M. Flandin, au lecteur de choisir, maintenant entre les montants de la spoliation.»
- On aurait pu ajouter en 2001, les 250 millions de M. Pierre Péan !
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