Le Trésor de la Casbah d’Alger
M. Marcel Emerit,
Professeur à la faculté des lettres d'Alger, Membre de l'Institut.
- Le ou les vols (suite).
- La spoliation des magasins du dey.
- Que nous décrit, M. Emerit :
« Les pièces d'archives ne nous donnent avec certitude que les renseignements suivants,
les laines et les blés de la Régence ont fait l'objet de scandaleux trafics. »
- Cette fois, l’agent est M. Frossard, celui qui s'enrichit M. Jobert,
celui qui dénonce, M. Fougeroux, cité dans les dossiers de M. Flandin, arrivé avec Clauzel, début Septembre 1830.
- Le 12 Juillet, dans un courrier au Ministre de la Marine, l'amiral Duperré,
confirme l'envoi de 15 millions, dont deux du trésor français, qui étaient sur un des navires de l'expédition, il précise :
« La situation approximative des magasins, parce que leurs états de désordre, ne permet pas d'en faire d'avantage, a été établie. »
- En 1832, M. Ault-Dumesnil, publiait un livre, De l'expédition d'Afrique de 1830,
ce livre n'était que le recueil des neufs articles publiés dans le Journal L'Avenir, avant et après la prise d'Alger.
- Voici quelques extraits de ces articles concernant les magasins du Dey :
- Les turcs avaient amassé, sans aucune précaution,
une grande quantité de poudre dans un magasin bâti au milieu de la forteresse, il fallut toute la précaution
que l'artillerie apporta dans l'enlèvement des poudres, pour préserver la Cassaubah du plus grand accident.
- Les magasins de la Régence à Alger, renfermaient des marchandises et des denrées,
telles que blés, laines, gruau, bois à brûler, sel, lin, toiles, cuivre, plomb, huile, marbre, cuirs, et cire.
Tous ces objets furent transportés à Marseille, et remis à la disposition du gouvernement.
Nous ne saurions donner une valeur exacte à ses marchandises.
- Dans son livre, Anecdotes de la conquête d'Alger, de 1831, M. J-T Merle, nous donne une estimation :
Les laines, denrées, marchandises de différents genres sont estimées à environ 3.000.000 f.
- Sous le titre, Nouvelles d'Alger, une édition de deux pages, donnait régulièrement des nouvelles d’Alger.
- Alger le 15 Juillet 1830,
« Il y a dans le port une quinzaine de bâtiments dont nous ne pouvons faire usage,
parce qu'ils sont tous pourris, une frégate seulement est en très-bon état, elle est percée de 62 bouches à feu.
On y mettra sans doute des ouvriers français pour l'achever, et on en confiera la direction au sous-ingénieur Lebas,
qui se trouve chargé du recensement général qu'on fait en ce moment de tout ce qui existe dans les magasins du Dey.
- Le journal, Le Compilateur, du 31 Août 1830.
Clausel porte à Duperré le brevet d'Amiral.
M. Denniée, intendant de l'armée d'Afrique, est arrivée au lazaret de Marseille,
il était parti d'Alger le 11 Août, avec les derniers navires transportant les marchandises trouvées dans les magasins du Dey.
Elles seront vendues aux enchères à Marseille.
- Le Baron Denniée, dans son livre, Précis Historique et administratif de la campagne d'Afrique, écrit en 1830, nous indique :
Les commissions instituées par arrêt du 5 Juillet avaient terminé la reconnaissance de tous les locaux,
qui recélaient les denrées ou marchandises appartenant à la régence, elles avaient apposé les scellés.
Mais, elles avaient été dans l'impuissance de constater immédiatement la quantité et la qualité,
des laines et de la plupart des marchandises, parce qu'en effet les maisons qui les renfermaient, étaient bondées de telle sorte,
que pas un mouvement intérieur n'était praticable, les laines et les blés avaient tous, une origine d'époque différente.
- M. Denniée , confirme l'envoie de ces marchandises à Marseille.
Seuls les blés de seconde qualité, non négociable en France ont été conservés à Alger.
Aurore sur Bou-Saâda Maxime Noire.

- Etouffement des commissions d'enquête.
- M. Flandin, via, M. Emerit est le seul à parler d'étouffement.
- Extrait du livre, Prise de possession des trésors d'Alger, de M. Jean-Baptiste Flandin.
« L'ordre du jour du 4 Septembre 1830, annonçait la création de la commission d'enquête.
La commission d'enquête dut entrer et entra dans la voie des investigations pour lesquelles, elle avait été créée.
Mais, M. Flandin ne tarda pas à être mécontent de la direction,
qu'une majorité qui lui parut
systématiquement et intempestivement formée, voulait donner à l'enquête. »
- Le 17 Septembre, M. Flandin proposait des mesures pour retrouver les millions disparus.
Enquêter dans tous les ports de la méditerranée, etc.
- M. Flandin avait-il une piste sérieuse, NON,
il avait comme beaucoup, sans doute, lut l'article du journal Le Sémaphore,
reproduit dans tous les journaux de l'opposition :
« A Paris, comme sur le littoral de la Méditerranée, on parle beaucoup, depuis quelques temps,
de sommes considérables qui auraient été apportées à Nice par deux navires grecs venant d'Alger. »
- Le journal, Le Sémaphore de Marseille reproduit ces assertions en disant que, M. Chappon,
agent de M. M. Sellière,
avait présidé à l'enlèvement de ces fonds, montant à onze millions, qui seraient déposés
chez M. Carlou, banquier.
Aujourd'hui, Le Sémaphore, publie une lettre, où ces faits sont démentis.
- Cet article est paru dans le Journal, La Quotidienne, il a été repris par le journal Le Compilateur du 24 Août 1830.
- Il n'y avait aucune piste sérieuse, toutes les allégations de M. Flandin,
ont été reconnues comme n'avoir aucun fondement lors des jugements, et, l'instruction qui eut lieu alors, en a démontré la fausseté.
- Le rapport Pietri.
- Pierre Marie Pietri, le 27 janvier 1852, il devient préfet de police de Paris.
- M Emerit, nous énumère,
une quantité de témoins, qui ont vu défiler des centaines de millions en or du trésor d'Alger, et il nous précise :
« La Monnaie, M. Chauvière a vu arriver les trésors d'Alger,
impossible de vérifier les livres, M. Pietri croit d'ailleurs, que les registres et les procès-verbaux de fonte ont disparu.
Le préfet de police a enquêté à l'Hôtel de la Monnaies, puis il a interrogé les essayeurs »
- Une des maisons citées par M. Emerit, déclare avoir examiné pour 35 millions
environs, une autre pour 80 millions.
- Ce qui lui permet d'écrire pour conclure :
« Nous sommes loin des 48 millions déclarés pour le trésor de la Casbah ».
- En ce qui concerne, l'arrivé du trésor d'Alger,
à l'Hôtel de la Monnaie à Paris, M. Lafaurie, dans son livre, Un fonctionnaire d'Autrefois, n'est pas de cette avis.
- M. Lafaurie, nous décrit la longue liste de ses missions pour le Trésor Public. :
- 1811 Vérification de la Recette générale de Nantes.
- 1812 Enquête sur les pertes du Trésor à la retraite de Russie.
- .....
- 1820 Rapporteur des deux premières commissions chargées de vérifier le compte général de l'administration des finances.
- 1828 Première vérification d'un Hôtel des monnaies. (Lille).
- 1830 Vérification du trésor de la Casbah.
- 1838 Première vérification de l'Hôtel de la monnaie à Paris.
- Note :
voir page précédente, Détails du montant du trésor, présentait dans le livre de M. Lafaurie.
- Pour l'Hôtel des monnaies, il y avait en 1830, 13 Hôtels des monnaies.
- Ils étaient en charge, de la fabrication des espèces d'or, d'argent et de cuivre.
- Chaque Hôtel des Monnaies comprenait :
- Un Commissaire du Roi.
- Un Directeur de fabrication.
- Un Contrôleur au change.
- Un Contrôleur au monnayage.
- Ils avaient chacun une marque distinctive,
une lettre de l'alphabet, parfois une double lettre,
car à l'origne, il y en avait plus de vingt-cinq.
- Les treize villes et leur sigle :
Paris A, Bayonne L, Bordeaux K, Nantes T, La Rochelle H, Perpignan Q, Lille W, Rouen B, Limoges I,
Strasbourg CC, Lyon D, Toulouse M, Marseille AM monastique, c'est à dire M entre les deux jambages duquel,
un A est figuré.
Circulaire du Ministre Comte de Chabrol 31 Mars 1830.

- En ce qui concerne les essayeurs, il y avait à Paris, cinq essayeurs de commerce :
Messieurs, Bonneville , 14 rue Saint-Martin, Chabanettes , 18 passage du cloître, Isabelle , 96 rue Saint-Denis,
Lecour , 7 passage de la Réunion, Genneau-Cozette , rue Saint Honoré.
Les montants indiqués par M. Emerit sont raisonnables, il manque l'année, ou les années de références.
- Oui, nous sommes loin des 48 millions du trésor d'Alger,
car, M. Marcel Emerit, M. Pierre Péan, et les autres, ont oublié, la loi de démonétisation du 14 Juin 1829.
- Le 30 Mars 1829, M. Antoine comte Roy, Ministre des finances présentait à la Chambres des Députés,
un projet de loi, concernait la démonétisation des pièces du système duodécimal, c'est à dire,
les écus de 3 et 6 livres, les pièces de 6, 12,et 24 sols, les louis d'or, les doubles louis d'or, et les demi-louis d'or.
- Cette loi fut adoptée, le 27 Avril 1829, elle va devant la Chambre des Pairs, le 9 Mai 1829, elle est adoptée le 10 Juin.
- Elle sera promulguée le 14 Juin 1829.
Bulletin des lois année 1829, premier semestre, N° 295.
- En Janvier 1830, les directeurs des hôtels des monnaies, présentaient au Ministre des finances,
une demande pour effectuer en entier, l'affinage et la refonte des anciennes monnaies duodécimales.
- Le 15 Février 1830, Le Ministre des finances, le Comte de Chabrol, en accord avec la commission des monnaies,
allouait des crédits, pour la refonte dans les Hôtels des monnaies, et, le 31 Mars 1830, une circulaire du Ministre,
autorisait les Hôtels des monnaies, à procéder à l'affinage et à la refonte.
- En 1834, le 30 Mars, une loi prolongeait les délais, car il restait encore beaucoup de pièces en circulation.
- Dans le livre, Refontes spéculatives des monnaies, de 1852,
on trouve ce paragraphe très intéressant :
« Il résulte des documents de la Monnaie de Paris,
que la valeur nominale des espèces duodécimales, remises aux Hôtels des Monnaies, de Mars 1830 au 31 décembre 1834,
s'élève à 410.816.626,05 francs.
Pendant cette même période, il fut versé aux changes,
des lingots, dits d'affinage, provenant des pièces duodécimales, des pièces de 5 francs du Premier Empire
et de la Restauration, fondues par l'industrie privée, pour un montant de 244.931.957,19 francs.
Total : 655.748.583,24 francs. »
- Nous sommes bien loin des chiffres avancés par M. Marcel Emerit.
- Le ministre des finances, le comte Roy, espérait en 1829, une refonte de plus de 600 millions, il avait raison.
- La refonte des monnaies se poursuivra bien après 1852.
- Dans son livre de 1834, Notes Statistiques de la France,
M. Benoiston de Chateauneuf, nous donne cette information capitale :
- Chapitre Numéraire existant en France :
« Depuis 1830, on a frappé dans les treize hôtels des monnaies,
des pièces
en or pour 1.015.000.000 francs, en argent pour 3.028.623.000 francs, en billon pour 56.876.000 francs,
soit un total de 4.095.499.000 francs, ce qui représentait pour l'époque, 128 francs par habitant. »
Loi de démonétisation du 14 Juin 1829.

- Conclusion.
- J’ai commencé les pages de cette étude, par la note suivante :
En 1954, M. Marcel Emerit n’avait pas à sa disposition un ordinateur.
La numérisation a simplifié le travail de recherche, et aujourd’hui,
il est facile de vérifier certaines déclarations, afin d’éviter, les copier/coller de faits qui en réalité n’ont jamais eu lieu.
- Mais ce qui est valable pour M. Marcel Emerit, ne l’est pas pour M. Pierre Péan, et tous ceux, qui depuis les années 2000,
se sont contentés de reproduire l’étude de M. Marcel Emerit.
- Dans les pages suivantes, nous allons présenter ce qui a contribué à la diffusion dans les journaux d’oppositions,
les mensonges, qui ont entaché ceux qui en quelques jours avaient terrassé les Barbaresques.
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