Ecole de la ville d'Alger de Ben Rouillah
- Texte de Jean-François Vinaccio
Triste année 1954 :
- Le décès de mon père au mois de Mai 1954.
J’ai toujours pensé que le FLN l’aurait abattu comme l'ont été tous ceux de son entourage
qui représentaient une barrière à leur idéologie de main mise sur l’ Algérie sans partage.
- Le passage de l’école Lavigerie au pensionnant de Ben-Rouillah durant cette année 1954 fut
une petite aparté à coté cette triste Toussaint rouge qui marqua l’année.
Le départ pour le pensionnat.
- On prenait un bus devant l’hôtel de ville, le lundi à 8 heures.
Retour le vendredi soir, vers 18 heures.
- Le bus se dirigeait vers les hauteurs d’El-Biar, passait devant la Citée universitaire de Ben Aknoun,
puis devant le Lycée franco-musulman avant de prendre une route un peu moins large qui se terminait
par une grande place ronde qui permettait au bus et aux trolleybus de la ligne 7 de « faire » demi tour
en décrivant un très grand cercle.
- L’entrée du domaine se situait sur cette place ronde.
- Un long chemin en béton, pas très large,
qui longe la maison du gardien, va me permettre de vous faire visiter les lieux :
Le plan du pensionnat de Ben Rouillah.
- Juste aprés la maison du gardien, avant de tourner à gauche, le chemin commence
à s'élargir pour
se transformer en une très longue ligne droite qui laissait :
- Sur le coté droit, le terrain de sports.
- Sur le coté gauche, après avoir dépassé le stade, le préau et les deux classes de CM1 et CM2.
- Un joli chemin bordé de cyprès nous emmenait vers une maison mauresque qui accueillait
la classe de sixième, la maison était située vers le haut de l’allée.
- Au bout de l’allée des cyprès, le bâtiment nous bouchait la vue.
- A quelques mètres de l’immense escaliers du bâtiment, sur notre droite,
- Une petite place avec son mat pavoisé du drapeau tricolore où tous les élèves se retrouvaient
chaque matin et chaque soir pour monter et descendre notre drapeau national.
- Une fois gravi les immenses marches,
- Au rez-de-chaussée,
- sur la droite, les sanitaires étaient à disposition.
- Sur gauche, le réfectoire, avec ses tables les unes à la suite des autres.
Au fond, la cuisine et son personnel qui nous préparait les repas du jour.
- Dans le hall, face à l'entrée, le dispensaire.
encadré par les escaliers menant aux dordoirs.
- Au première étage,
- les dortoirs, les garçons à droite, les filles à gauche avec une porte de communication
pour la sécurité contre les incendies.
- A l'entrée des dortoirs,
la chambre du surveillant ou de la surveillante formée de murs en bois s'arrêtant à un mètre
du plafond, cela permettait d'écouter le moindre bruit une fois les feux éteints.
- Deux rangées de lits alignées parfaitement contre les murs.
des armoires de fer gris à deux portes, pour deux élèves,
laissaient un espace libre nous permettant de jouer.
Le terrain de sports ?
Remerciement à Christiane et Claude Arnold.
Sur la photo ci-dessus,
- il faut avoir un tout petit peu d’imagination :
- Remplaçons les grandes herbes folles par un terrain en tuf.
- Le terrain commençait au pied du chemin en béton et
se terminait aux pieds des arbres.
J’ai passé trois ans dans ce pensionnat,
j’en ai gardé un merveilleux souvenir :
- Mon épaule brisée lors d’une mêlée ouverte dans un match de rugby :
- J’avais le ballon, au dessus de moi, partenaires et adversaires s’empilaient.
- Par une toute petite ouverture entre têtes, jambes et bras divers, je pouvais voir mon camp.
A une trentaine de mètres du tas que constituer cet enchevêtrement de gamins,
Mon meilleur copain, Georges Pêtrus, il habitait à Hydra.
Plutôt enveloppé (c'est-à-dire très lourd), il était d’une gentillesse à toute épreuve.
- Brusquement, je l’ai vu prendre son élan et foncé vers cet empilage.
Dans mon fort intérieur, j’ai pensé l’espace d’un instant :
- Lors du choc, sur la pyramide, j’ai entendu un grand « craque » en provenance de mon épaule droite.
Au bout, de quelques minutes, sous les sifflets du pion, la pyramide se désagrége,
je me relève.
Mon épaule me fait mal, mais je ne dit rien……
- Je resterai ainsi pendant trois jours avec une clavicule brisée.
- C’est l’infirmière,
qui voyant ma brusque passivité commença à avoir un soupçon.
Le troisième jour, lors du retour d’une récréation, et juste avant le repas,
elle me saisit brusquement le bras droite pour m’interroger sur cette bizarre accalmie.
Horreur, je poussais un cri, avant de lui avouer que j’avais très mal.
- Direction Ben Aknoun,
chez le médecin, radios, immobilisation de l’épaule avec le bras en écharpe, mais dans le dos
pour trois mois avec changement tous les 15 jours.
- Au retour, j’ étais le héros blessé revenant d’une victoire chèrement gagnée.
Seul, avantage, je n’avais plus droit aux dictées.
mais je pouvais faire les maths de la main gauche
car j’aimais bien cette matière.
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