La   Bataille   de   Bab-El-Oued   le    23   Mars   1962

Récit d’un participant à cette lamentable journée.



 


Ce vendredi 23 Mars 1962,
  • jour de la saint Victorien,
     
  • Bab-El-Oued, se réveille encore sous le coup de l’annonce du cessez le feu du 19 Mars.


Ce matin,
  • comme tous les jours depuis la mi-janvier, j’ai accompagné ma copine vers son lieu de travail situé avenue du 8 Novembre 1942, mais à hauteur de l’avenue de la Marne, nous avons été bloqués, et nous avons du rebrousser chemin.
     
  • Je l’ai raccompagné chez elle avenue Léon Roche,
    puis j’ai rejoint mon groupe vers la place Desaix.


Vers 9 heures 40,
  • à hauteur de la Place Desaix, a lieu le deuxième incident de la journée.

    C’est sans aucun doute celui qui déclenchera la bataille de Bab-El-Oued.
     
  • Un camion de type GMC
     
    • occupait par des militaires européens et musulmans,
    • assis sur une banquette centrale (dos à dos)
    • remontait la rue Vasco de gama en direction de la rue Général Verneau.
       
  • Le chauffeur, sans doute par erreur à prit la rue Gustave Mercier,
     
    • rue à sens unique,
    • avec des voitures garées sur un côté de la rue,
    • elle ne permettait aucune manoeuvre.

     
  • Au bout de la rue Gustave Mercier
    le chauffeur n’a qu’une option, tourner à droite dans la rue Suffren.

    Le camion ralenti et prend doucement ce virage à angle droit.
    Il est dans la rue Suffren au pied des escaliers donnant dans la rue Mizon.
     
  • Un membre du commando fait signe au chauffeur de stopper.
    Le chauffeur freine, une quinzaine d’homme pistolets au point surgissent.
     
  • Vos armes crient le chef du commando.
     
  • Les premiers militaires situaient en tête de camion et à droite obtempèrent . . .

    Mais sur le coté gauche du camion,
    à l’avant dernière place armée d’un pistolet mitrailleur de type MAT 49,
    un militaire arabe arme son PM,   il n’a pas le temps de tirer.
     
  • De tous côtes éclate alors la fusillade.
     
      • Des soldats tombent.
        J’ai su plus tard, qu’il y a eu cinq ou six morts et beaucoup de blessés.
         
  • Le commando s’éclipse après avoir récupérer quelques armes.
    Mais pas toutes !!!!


Regagnant mon poste de garde sur les hauteur de Bab-el-oued ,
  • je suis pris sous le feu d’un fusil mitrailleur dans la rue Soleillet,
  • les rues se vident très rapidement.
  • Je rejoins la cité des Eucalyptus et prend position sur le toit du bâtiment 2 de la cité.

    J’ai beaucoup de mal à encaisser la mort de ces soldats.


Pour tant, il faut reprendre notre mission :
  • Protéger Bab-el-oued d’une attaque des arabes via le cimetière El-Kettar.
     
  • Nous sommes quatre sur ce toit.
    Nous entendons les crépitement des armes automatiques.
     
  • Le quartier est calme.
    Pas le moindre coup de feu.


Vers 13h 45,
  • nous apercevons dans le fond du cimetière d’El-Kettar,
    une procession qui nous semble être un enterrement.
     
  • Quand la procession est un peu plus visible,
    nous nous rendons compte qu’il s’agit de deux enterrements.
     
    • Mais quelque chose nous semble bizarre,
    • il n’y a aucune femme, aucun enfant, ni aucun homme âgé
    • Nous sommes sur nos gardes.
       
  • Le cortège s’approche, il est à moins de 60 mètres de l’immeuble.

    Les Arabes déposent les deux linceuls au bord de la colline.
    Les linceuls sont dirigés vers le centre de Bab-El-Oued.
    Les draps recouvrant les cercueils sont brusquement enlevés.
     
  • A la place des morts, apparaissent deux fusils mitrailleurs avec trépieds .

    Avant que les arabes ne puissent tirer sur le centre ville,
    nous ouvrons le feu avec nos pistolets mitrailleurs.
    La fusillade dure environ 10 minutes.
     
  • Nous en avons sans doute tuer une douzaine,
    avant qu’ils ne prennent la fuite laissant les deux fusils mitrailleurs bien en vue.
     
  • Brusquement,
     
    • nous nous retrouvons sous le feu d’arme automatique de type 12/7 et P.M.
       
    • Heureusement, le parapet qui borne la terrasse est en béton de plus de 25 centimes d’épaisseur et nous protége du feu des militaires français qui nous canardent depuis une position située juste en face du batiemnt 2.
       
    • Après les événements du matin, il est hors de question de répliquer.
      Nous restons tranquillement à l’abri pour l’instant.
       
    • Peu de temps après, nous subissons des tirs de canon de 37 qui font volé en éclats le mur des escaliers menant aux appartements. Tout autour de nous, les éclats de béton volent sous les tirs incessants des militaires et nous devons protégés nos visages des éclats qui volent de partout.
       
    • La situation se prolonge,
      Il nous est impossible de quitter la terrasse sans passer dans le champ de tir.
      Nous pouvons voir les avions survolaient les toits de Bab-El-Oued.
      Nous attendons que les tirs se calment.
       
    • Avec le responsable nous faisons le point pour sortir de là.
       
      • Nous sommes quatre sur ce toit,   je suis le plus jeune,
      • Il y a un jeune homme de 19 ans, dont je ne connais même pas le nom,
        Je m’aperçois qu’il commence à s’agiter.
        Je lui prodigue des conseils, lui demande de se calmer.
         
  • Je jette un coup d’œil vers le bas de l’immeuble,
     
    • il y a un zouave avec une carabine automatique qui nous canarde.
    • C’est lui qui sera le responsable de la mort de ce jeune de 19 ans.
       
  • Malgré les tirs incessants,
     
    • jamais au grand jamais, nous n’avons tiré le moindre coup de feu contre les soldats.
    • J’aurai pu plusieurs fois abattre ce zouave qui jouait les rambos :!!!
       
  • Apres une très longue attente,
     
    • nous commençons notre marche vers les escaliers qui doivent nous mettre à l’abri,
    • je ferme la marche, avec juste devant moi le jeune homme de 19 ans.
    • Sans cesse je lui demande surtout de ne pas se lever, car il serait la cible parfaite.
       
    • Son tour arrive,
      il doit ramper vers les escaliers malgré le déluge de balles.
      Brusquement, je le vois se redresser, malgré mon hurlement et ma tentative désespérée pour le mettre à terre,     il est debout,   face au zouave !!.

     
  • Il s’est sans doute vu mourir,
     
    • car malgré les deux balles qui l’ont touché tirées par le zouave rambo,
    • il n’était pas mort.
    • Je m'approche de lui, le serre contre moi.
    • il est blême, comme s’il avait eu une énorme peur.
       
  • Le responsable qui était déjà dans l’escalier,
     
    • ouvre une brèche dans une partie du mur qui était en parpins un peu plus à l’abri.
    • Cela va nous permettre de tirer le blessé tout en restant allongé.
    • Après de très longues minutes, nous arrivons à le descendre dans les escaliers.
    • Les pompiers sont déjà là sans doute avertit par quelques voisins.
    • Le jeune homme est toujours vivant.
    • Nous cachons nos armes sous le blessé avant qu’il ne parte.
       
  • Je descends deux étages et je rentre chez moi.
     
    • Mon appartement était juste en face de la position occupait par la zouave rambo,
      dans le champ de tir des gendarmes.
       
    • Mes volets sont grands ouverts.
      Je suis sous la menace des militaires qui ouvrent le feu en me voyant dans l’entrée du couloir face au fenêtres.
       
    • Je rampe jusqu’au mur sous les fenêtres abrité par le mur en béton,
      là, j’ai une pensée affective vers le constructeur de l’immeuble.
       
    • Avec un balai, je ferme les volets sous un feu nourri de 12/7.
      Le lustre de ma salle à manger vole en éclat sous du canon de 37.
      Le mur est un véritable gruyère.
      Une fois les volets fermés les tirs se calment.


Il est presque 19 heures.
  • J’allume la télévision pour avoir des informations sur les événements de la journée.


Le lendemain,
  • les marques des impacts sur le mur et l’état de dégradation de mon appartement,
    me signaleront aux gendarmes mobiles qui me réserveront un petit traitement spécial.
     
  • Nous embarquons dans des camions.
     
    • Nous roulons pendant plusieurs heures.
    • Nous arrivons dans un camps gardés par des militaires arabes et entouré de barbelés.
    • Nous serons libérés une semaine plus tard,
      un samedi à 6 heures du matin, près du boulevard Malakoff.
       

Quelques jours après ma libération,